
L’Afghanistan occupe la première place de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022 de l’ONG Portes Ouvertes. Hana, une partenaire de l’organisation présente sur place, témoigne de la persécution dont sont victimes les chrétiens dans ce pays d’Asie et appelle à prier pour eux.
Depuis 2018, l’Afghanistan était en deuxième position de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens publié chaque année par l’ONG Portes Ouvertes.
Avec l’arrivée des talibans au pouvoir en août dernier, le pays qui a vu le niveau violence à l’égard des chrétiens exploser, est arrivé en tête du classement. Une place occupée depuis 20 ans par la Corée du Nord. Pourtant, comme l’indique l’organisation, la persécution en Corée du Nord s’est encore aggravée, mais pas autant qu’en Afghanistan.
Pour mieux comprendre pourquoi le pays dirigé par les talibans figure au premier rang de l’Index 2022, Open Doors (Portes Ouvertes en français) partage le témoignage d’une de leurs partenaires, Hana (pour des raisons de sécurité, il s’agit d’un nom d’emprunt NDLR) présente sur le terrain.
Hana l’affirme, l’hostilité à l’égard du christianisme n’est pas un fait nouveau en Afghanistan. « Il y avait de l’hostilité envers la foi avant les talibans » rapporte-t-elle avant d’ajouter que « les chrétiens ne sont pas considérés comme une présence légitime en Afghanistan. Ils ne sont pas les bienvenus, ni hébergés ni soignés. »
Toutefois, la situation s’est encore aggravée après la prise du pouvoir par les talibans. Les chrétiens sont plus que jamais « vulnérables », car comme le révèle Hana, « s’ils sont découverts comme croyants, ils sont immédiatement considérés comme des traîtres, des ennemis de l’État, des ennemis de leur tribu et de leur communauté. La punition pour cela est la mort ».
Elle ajoute que les croyants sont « absolument détestés », dans le contexte actuel ils sont privés de nombreux services de base comme l’accès aux soins.
« Dans un pays comme l’Afghanistan, les soins médicaux sont payés par une taxe religieuse, et une fois que les gens apprennent que quelqu’un s’est détourné de l’islam, ils n’ont plus le droit d’accéder à ce service. »
S’ils sont nombreux à avoir fui le pays en août, certains sont encore sur le territoire, au péril de leur vie.
Hana estime que ceux qui sont partis l’ont fait en général pour leur famille, pour protéger leurs enfants. Tandis que ceux qui choisissent de rester, le font par « engagement ». « Ceux qui choisissent de rester disent spécifiquement qu’ils restent à cause de l’œuvre que Dieu a commencée », rapporte-t-elle.
Pourtant, elle ajoute que ceux qui restent dans le pays doivent se cacher et faire preuve de prudence. Elle décrit leur quotidien difficile alors que les talibans bloquent les villes, verrouillent les autoroutes et provoquent des pannes d’électricité.
« Les chrétiens doivent vivre avec prudence. Les villes sont bloquées à cause des talibans. Les talibans ferment des communautés pour trouver des personnes hostiles à leur cause. Ils verrouillent les autoroutes et provoquent des pannes d’électricité. »
Si la situation des chrétiens était déjà complexe avant le mois d’août, Hana rapporte qu’ils pouvaient au moins se voir, échanger et prier entre eux en dehors des lieux publics. « Maintenant, avec le nouveau gouvernement, même ces quelques précieux trésors ont été emportés », déplore-t-elle.
La chrétienne affirme malgré tout avoir de l’espoir, car elle est témoin de l’œuvre de Dieu et de la manière dont Son église continue de grandir contre toute attente.
« J’ai beaucoup d’espoir parce que la raison pour laquelle il y a des croyants qui restent n’est pas à cause de l’intervention d’un être humain - c’est la seule œuvre de Dieu et du Saint-Esprit. Aucun effort humain ne peut aller contre les puissances et les principautés qui travaillent ici. Vous pouvez prendre tous les avions du monde et faire sortir tous les croyants de ce pays, mais ceux qui restent auront toujours des rêves et des visions. Il y aura toujours des persécutions, mais Dieu continuera à faire grandir Son église. »
En conclusion de son entretien avec Open Doors, Hana lance un appel à la prière pour les chrétiens d’Afghanistan.
« La prière n’est pas une chose inactive et passive à laquelle les gens pensent ; c’est ce qui nous pousse à l’étape suivante parce que c’est notre moteur. Priez que Jésus nous ce que nous devons faire, et qu’il nous donne de l’endurance. S’ils (les musulmans locaux) prient cinq fois par jour, nous devons prier 24 heures sur 24. »
« Priez pour les déplacés qui sont séparés de leurs familles, priez pour ceux dont les rêves leur sont arrachés et priez pour qu’ils connaissent le réconfort de Dieu », poursuit-elle.
Camille Westphal Perrier